Album de la Semaine

Publié le par Bastien

DUB STORIES :

 

DUB STORIES

 

COMPILATION AVEC 13 TITRES + DVD AVEC UN FILM SUR L'HISTOIRE DU DUB (90 min) ET DES VIDEOS LIVE DE GROUPES (60 min). Le tout aux alentours de 18 € !!!

Vous ne le savez peut-être pas, mais vous écoutez probablement des dérivés du dub tous les jours. En tout cas, il est fort à parier que les groupes que vous compilez sur votre i-pod s'en inspirent singulièrement, qu'ils fassent du rock dansant à la BLOC PARTY, de la pop à la GORILLAZ ou de l'electro comme COLDCUT. Tout simplement parce que les inventeurs du dub, cette version instrumentale réarrangée du reggae, ont dès la fin des 60's redistribué les cartes de la renommée. Après eux, musiciens et ingénieurs du son pouvaient jouer dans la même cour: le génie s'exprimait aussi bien derrière une guitare qu'une console de mix? Et c'est toutes les musiques modernes (techno, hip hop, rock, drum'n'bass, new wave, house, electronica) qui allaient en sortir transfigurées.
Paradoxalement, la musique la plus influente de la seconde moitié du 20eme siècle est peut-être aussi la plus mal documentée. L'injustice sera aujourd'hui en partie réparée grâce à ce DVD très complet qui donne pour la première fois la parole aux principaux acteurs de ce mouvement mondial, parti de Kingston en 1968, exporté à Londres dans les 80's, puis démultiplié à Angers, Berlin, Bruxelles, Lyon, Paris, Tokyo, etc. ces dernières années.
Vous aurez tout à loisir de vous replonger dans le fabuleux destin d'une musique aussi mystique que dansante grâce à un documentaire passionnant, des captations de concerts, un disque audio, et quelques surprises supplémentaires... Mais en attendant, petit rappel des faits...

L'ERREUR EST HUMAINE
La légende veut que le dub ait été inventé par erreur, en 1968, à Kingston, Jamaïque. Ruddy Redwood, selector (l'équivalent de nos Dj's) du SUPREME RULER OF SOUND, un des plus gros sound systems de l'île (sorte de disco mobile allant de village en village), fait sa visite hebdomadaire au mythique studio Treasure Isle. Il vient y chercher des nouveautés reggae à passer en exclusivité avant leur sortie officielle. Pendant la session d'enregistrement l'ingénieur du son oublie d'enclencher les voix sur un des morceaux et c'est donc une version instrumentale qui est gravée sur le 45-Trs: une "dubplate".
Ruddy Redwood fera un tabac sur le dance floor ce soir-là avec son premier dub! Tant et si bien qu'il ne commandera plus désormais que des disques avec une face B purement instrumentale. La mode rattrapera vite tous les sound systems de l'île? Jusqu'à ce qu'un jeune ingénieur du son de Treasure Isle ne s'amuse à améliorer le concept. A l'aide d'une armada de chambres d'échos et d'effets en tous genres, gonflant les basses et accentuant la batterie, KING TUBBY restructurait complètement ces versions et allait de ce fait révolutionner les moeurs musicales. Pour la première fois, un technicien devenait lui aussi musicien, en transformant la musique d'un autre selon son inspiration.
La porte était alors ouverte pour un tas d'apprentis sorciers avides de nouvelles sensations. LEE SCRATCH PERRY le premier s'engouffra sur les traces de TUBBY, devenant l'un des producteurs les plus demandés et les plus prolifiques au monde. On lui doit le son de la quasi-totalité du reggae 70's, de BOB MARLEY à MAX ROMEO, en passant par ses propres albums, mais il a aussi depuis collaboré avec des groupes très différents, tels que THE CLASH ou BEASTIE BOYS.
Pourtant, en Jamaïque, une mode en chassant une autre, les dubs tombèrent dans l'oubli quelques années plus tard et laissèrent la place au dance hall et à ses préoccupations plus mercantiles. Ironie du sort, la petite île est sans doute aujourd'hui le seul lieu au monde sans groupes de dub?

LONDON CALLING ...!
Au milieu des 70's, dans les banlieues londoniennes, une importante communauté immigrée jamaïquaine tente de garder le lien avec ses racines en organisant des "dances" ou des sound systems jouent des titres de reggae, dub, ska, rocksteady, ou calypso. La crise économique de l'après choc pétrolier aidant, le mouvement punk se trouve vite des atomes crochus avec l'engagement politique du reggae. Rapidement donc, crêtes et dreadlocks se balancent à l'unisson au rythme chaloupé des sound systems, comme celui très en vue de JAH SHAKA. Ces nouveaux convertis à la cause vont même souvent devenir les plus actifs en créant de nouveaux sounds ou labels qui donneront une seconde vie au dub...
Adrian Sherwood, petit blanc bec issu du punk, crée ainsi en 1980 le cultisime label "On U Sound". Des disques ouverts aux sonorités indiennes (DUB SYNDICATE), africaines (AFRICAN HEAD CHARGE) ou au folk (le Miracle de BIM SHERMAN) y seront produits et figureront parmi les plus marquants des deux décennies à venir. Le dub ne sera désormais plus qu'une technique de remix mais deviendra un mode de création à part entière, attirant bien plus que les habituels amateurs de musiques jamaïquaines.
Du début des 80's jusqu'au milieu des 90's, l'Angleterre est sous le règne de la culture club. Que cela soit sur le rock des Happy Mondays, la house music ou la jungle encore balbutiante, les sujets de sa Majesté ne rêvent que de s'extasier sur les pistes de danse du Royaume... Le dub suivra la tendance... Le UK Steppa, sorte de reggae digital très rythmé, finira même par séduire aussi bien les amateurs de la techno naissante que les vieux rastas en quête de transe. Et les simples noms de DISCIPLES, MANASSEH, BUSH CHEMISTS, IRATION STEPPAS, ABA SHANTI I, ou ZION TRAIN font aujourd'hui autant frémir le palpitant des amoureux des infrabasses tectoniques que celui de JAH SHAKA...
On doit aussi à un homme en particulier d'avoir exporté le dub dans les autres sphères musicales. MAD PROFESSOR (qu'on voit dans ce DVD donner une petite leçon de mix dans son studio Ariwa) a connu un énorme succès commercial dans les 90's grâce à ses remixes bourrés d'effets et de reverbs.
La liste de ses clients est plus longue que le bras et compte les plus grands de la pop music (Massive Attack, Beastie Boys, Depeche Mode, Jamiroquai, Rancid, KLF...).

ALLONS ENFANTS DE LA PATRIE, ETC....
A l'instar du hip hop, que des immigrés jamaïquains avaient largement contribué à inventer à la fin des 70's à New York, le dub en tant que moyen d'expression artistique a vite trouvé un large écho auprès de la jeunesse urbaine du monde entier. De Vienne à Tokyo, en passant par New York ou
Berlin, on redéfinit le genre au grés de sa propre histoire, de ses influences, de ses envies... Mais c'est surtout en France que les choses se passent...
Au milieu des 90's, à Paris, l'entourage du groupe metal/indus TREPONEM PAL décide d'organiser des soirées pour mettre la lumière sur une scène anglaise, encore quasiment anonyme de ce coté-ci de la Manche. Les soirées "Dub Action" connaîtront un succès grandissant, et aboutiront logiquement sur la création d'un label, Hammerbass Records, en 1997, dont les productions titilleront rapidement les méninges des futures gloires du dub hexagonal...
Au contraire du reggae, qui n'aura bizarrement trouvé qu'un seul ambassadeur digne de ce nom en France en la personne de SERGE Gainsbourg, les choses seront bien différentes pour son cousin instrumental... Dés 1995, une poignée de jeunes formations, ayant grandi avec les valeurs et l'énergie du rock alternatif, vont même faire la deuxième révolution française. Car si le dub était historiquement une musique de studio, des groupes comme ZENZILE à Angers, HIGH TONE à Lyon ou IMPROVISATORS DUB à Bordeaux ne vont pas hésiter à la transposer sur scène pour la jouer live, avec de vrais instruments. Le régime des intermittents aidant (contrairement à l'Angleterre ou il est très difficile de faire vivre un groupe de plusieurs musiciens), de nombreuses formations allaient trouver là un terrain d'expérimentation quasiment vierge... Car non seulement le dub à la française a la particularité d'être joué live, mais il est aussi réputé pour ne pas se contenter de réciter par coeur la Bible britannique du steppa... Même si l'on compte quelques disciples du son à l'anglaise (IMPROVISATORS DUB, WEEDING DUB...), jamais le genre n'aura été aussi trituré, mélangé, reconstruit (avec le rock et la soul pour ZENZILE, le hip hop et la drum'n'bass pour HIGH TONE, le rock progressif et le spoken word chez BRAIN DAMAGE...).
Aujourd'hui, le dub est absolument partout. Et la scène européenne s'émancipe peu à peu comme en témoignent KING SHILOH aux Pays-Bas, CULTURAL WARRIORS en Suisse ou ASHANTI 3000 en Belgique dans le DVD. Il faut dire qu'avec l'utilisation omniprésente de l'électronique dans les techniques d'enregistrement, jamais les préceptes de KING TUBBY n'ont été aussi suivis: du rock de DEAD 60'S au hip hop de ROOTS MANUVA, en passant par la techno de MAURIZIO ou le jazz de TRUFFAZ. Pas si mal pour une erreur...

Publié dans Les galettes à avoir

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