R-Wan / Radio Cortex 2
Erwan Seguillon alias R.Wan est un drôle d’oiseau, ou plutôt un drôle de titi… parisien. Chanteur/parolier depuis l’âge de 15 ans, il débute dans le reggae/ragga avant de se lancer dans la belle aventure Java en 1998. Le sympathique quatuor sortira deux albums studio, Hawaï et Safari Croisière, entrecoupés d’un live (le bien nommé Java sur Seine) et en dehors de ses très nombreux concerts, le groupe s’est fait discret depuis 2003.
Trois ans plus tard, R.Wan sort le premier volet de sa Radio Cortex, vraie fausse radio pirate qui passe à la moulinette tout et n'importe quoi, de Tino Rossi à Renaud, que le bonhomme parodie habilement, donnant un grand coup de pied dans les traditions estampillées «chanson française», réinventant le genre en se moquant bien des conventions d’usage.
Ce qui frappe (ce qui frappait déjà chez Java), c’est son débit, proche du slam, qui paraît inépuisable. Ce moulin à paroles musical semble ne jamais vouloir s’arrêter de dire, d’expliquer, de tchatcher, d’observer… Il balance sans prendre de pincettes, fort de sa gouaille et de la rythmique des mots.
D’ailleurs, s’il fallait définir la musique de R.Wan en un seul mot, ce serait sans hésiter: rythme! Parolier hors pair, il n’a pas son pareil pour faire claquer les mots, aidé à la composition par K-Mille, multi-instrumentiste et coproducteur des deux Radio Cortex. Entrecoupés de faux jingles, ce deuxième essai explore différents styles musicaux, du « hip-hopéra » (Pro-Log) à l’easy listening (Quand on est riche) via le ragtime façon Lucky Luke (Long Song Single) et le disco latino pour chemises ouvertes sur chaînes en or (Le coulis sur l’ananas). L’auditeur rit à s’en taper sur les cuisses, mais d’un rire qui vire au jaune, car sous des dehors comiques, R.Wan n’en est pas moins dénonciateur et revendicatif. Ses onomatopées et allitérations deviennent troublantes une fois que l’on en saisit le sens (Charley et Tom, Le coq et la caille) et même le très « pouêt-pouêt » Coin-Coin nous plonge dans l’horreur avec son refrain entêtant (« Depuis qu’je travaille à Disney, je suis sous cachetons »).
À presque 35 ans, R.Wan a passé l’âge d’être vulgaire et prend le parti de l’humour et de la subtilité pour (d)énoncer les petits et grands travers de notre société par le biais d’un répertoire terriblement éclectique et pourtant étonnamment homogène. Ainsi, Demain, duo avec le reggae man Winston McAnuff, est chanté en alternance en français et en anglais sur une mélodie reggae pop fraîche et entraînante, À pic est un pur moment de poésie érotique sur fond de rythmes tziganes frénétiques et le Silence Radio se fait sur fond de hip-hop.
Parti en tournée en tout petit comité (il partage la scène avec Fixi, batteur et collègue au sein de Java), R.Wan n’exclut pas l’idée d’un one-show. Mais ce sera après un nouvel album de Java, actuellement en préparation et attendu pour le début de l’année prochaine.
Extrait de La Médiathèque