Docu La Route est Longue...

Publié le par Bord 'O' Scène


Trois groupes de rock inconnus du grand public sur la route.

Géraud, rocker depuis 20 ans croit dur comme fer en sa dernière tentative. Kafka est persuadé que l'on peut remplir des salles avec des morceaux instrumentaux de plus de quinze minutes. Kunamaka s'est fixé un planning très précis pour sortir son deuxième album…

Un an et demi de la vie de groupes de rock. Entre déceptions et espoirs. Des rencontres improbables, des concerts, des milliers de kilomètres : la route est longue…

Tout a commencé par un constat personnel : pourquoi nous ne nous reconnaissons pas dans ce que l’on écoute dans les médias ? En terme de création, notre sensibilité se portait plus vers des groupes dits intermédiaires. Ces petits groupes que l’on entend dans certaines salles de musiques actuelles, …, dans des bars,…, des groupes locaux. Il en existe 5 000 en France soit environ 25 000 personnes concernées et pourtant on ne les entend pas ! On a essayé de comprendre pourquoi ces musiciens qui travaillent comme des pros ne percent pas,  pourquoi beaucoup abandonnent après deux ans de vie car il faut bien subvenir à ses besoins. Tout cela nous a amené aussi à nous questionner sur la pluralité, l’ouverture, la diversité culturelle. Celle qui fait évoluer les sociétés, insuffle des idées nouvelles,….

De là est venue l’idée de s’immerger pendant un an et demi dans le quotidien de 3 groupes, de 3 entités différentes : Kunamaka (carnaval core), Kafka (rock expérimental) et Géraud (rock).

Le but : faire une photographie de l'industrie des musiques actuelles aujourd'hui. Comment peut-on vivre de sa musique ? Quels sont les goulots d'étranglement qui bloquent les groupes ? Quelles sont les armes dont disposent ces musiciens pour accéder à la reconnaissance ? La problématique de ce documentaire  rock est de comprendre d’une part comment ces groupes intermédiaires font-ils pour vivre de leur musique et d’autre part de saisir pourquoi ils n’arrivent pas à franchir le cap de la notoriété. Si ces groupes ont un intérêt propre, l’utilisation de leur image aura valeur d’exemple. La question de fond est de mettre à nu le processus de commercialisation des musiques actuelles en France. Pourquoi tel groupe passe sur une radio ? Pourquoi untel signe avec une major ? Quels sont les critères qui déterminent les choix d’investissements dans un courant musical ? Le marché de la musique est en crise depuis plusieurs années (baisse de 40 % des ventes de cds  entre 2001 et 2006). Ces groupes dits intermédiaires tentent donc de réussir dans une économie devenue fragile. Quel peut être l’avenir pour ces musiciens désireux de vivre de leur musique et confrontés à une industrie en plein bouleversement ? Quels sont leurs moyens actuels ou futurs pour s’en sortir ?

 

Géraud

est un peu la gueule cassée du rock clermontois. Assez âgé pour avoir un vécu conséquent et paraître déjà comme un ancien combattant du rock auvergnat, Géraud espère signer un retour en force avec la sortie de son nouvel album en octobre 2005. Peut-être enfin une consécration nationale pour ce militant du rock sobre et efficace. Site : http://geraud.legroupe.free.fr/

Kafka

est une comète, une expérience musicale, plus qu’un simple groupe. Figure de l’expérimental régional, Kafka se distingue par sa musique complexe, tantôt lancinante, tantôt déchirée. Boulimique de travail, les membres du groupe répètent tous les jours du matin au soir. Leur oeuvre est leur existence.
Site : http://kafka.act.free.fr

Kunamaka

, c’est l’invitation à un monde imaginaire et fantaisiste. Fondé en 2000, le groupe a acquis sa renommée par la scène. Kunamaka poursuit la quête naïve et étrange d’un groupe de “carnaval core” qui veut retrouver des images de son enfance. Un délire constant ménagé avec subtilité sur la scène et en dehors par tous les membres.
Site : www.kunamaka.com


Voici une interview des réalisateurs extrait du site Discordance :


« La route est longue », est, selon ses créateurs, un « rockumentaire » ! Autrement dit, un documentaire de 90 minutes focalisé sur 1 an et de demi de vie de trois groupes de rock dits « intermédiaires » (en voie de professionnalisation). Idéal pour (re)découvrir la réalité de bon nombre d’artistes.

Personne ne l’ignore : les temps sont durs pour l’industrie de la musique. Une révolution est latente. Le modèle change. Tout le monde observe, attend, tente d’anticiper, devra s’adapter. Mais une réalité persiste : les artistes doivent faire leurs armes, acquérir de l’expérience, se forger une identité et conquérir leur public souvent durant plusieurs années avant de pouvoir espérer vivre de leur art, avec ou sans grande notoriété. Ce serait enfoncer une porte ouverte que de rappeler que l’industrie musicale francophone, ce n’est pas seulement (mais alors vraiment pas) les 16 locataires annuels de la Star’ac ou encore même les 10 heureux de la liste annuelle des artistes les mieux rémunérés.

Salut l’équipe, qui donc sont les créateurs de « La route est longue » ?

Alexis Magand : Pour ma part, réalisateur/caméraman, 25 ans, passionné de vidéo et de musique…

Grégory Gomez : Journaliste, passionné par la musique et les musiciens. 32 ans. Un enfant.

Comment est née l’idée de ce documentaire ?

Alexis : D’un sentiment d’injustice !! En fait, on ne se retrouvait pas du tout dans ce qu’on entendait à la radio, à la télé… et on a fait le constat que les groupes que nous aimions et écoutions le plus étaient finalement des groupes peu reconnus de notre région. On s’est alors demandé comment vivaient ces artistes, quel était leur quotidien...

Peut-on dire que ce documentaire porte une revendication ?

Grégory : S’il en porte une, c’est que les groupes que l’on a suivi sont le socle de la création musicale. Les Zazie, Pagny et consorts, ils ne font que repiquer avec 20 ans de retard les idées émergentes des groupes inconnus. Ces derniers composent, expérimentent, avec ce que cela a d’aléatoire en terme de réussite, et les éléphants reprennent ce qui a marché une fois que le test est concluant. Ce qui est hallucinant, c’est lorsque l’on voit une boîte comme le SNEP (syndicat de la musique qui regroupe notamment les majors) dire dans un livre blanc que l’on n’entend pas assez à la radio Obispo, Zazie ou Pagny alors qu’ils sont un moteur pour toute la création française… Ce qu’il a de militant, notre documentaire, c’est pour résumer : « Regardez, ils ont les mains dans le cambouis parce que leur camion est mort, ils ne passent pas à la télé et vous pourrez les rencontrer au rayon conserve de votre supermarché - mais les artistes : ce sont eux ! »

Alexis : C’est sûr que notre but est d’éveiller un peu les consciences, surtout vis-à-vis du grand public…Qu’on arrête de formater la musique et la culture de manière générale… Les musiciens que l’on a suivi sont le socle de la création, de la diversité musicale française. Ils se confrontent à des obstacles en permanence. Tout le monde ne peut pas réussir mais il y en marre de voir les maisons de disque, les médias « fabriquer » des artistes.

Je n’ai pas déjà vu le film. Comment le qualifieriez-vous en quelques adjectifs ?

Alexis : Tu n’as pas vu le film ? Je te rassure, tu n’es pas le seul…euh sinon…je n’en dirais qu’un : humain.

Grégory : Captivant parce qu’apparemment on ne s’ennuie pas. Informatif. Léger et grave à la fois pour des scènes parties sur un rythme de « bronzés en vacances » et qui finissent en drame ! Surprenant, il y a pas mal de rebondissements et celui dont on pense au début qu’il va cartonner finit avec… Je ne veux pas en dire plus, on laisse un peu de suspens mais si tu ne viens pas le voir avec ce descriptif-là !

Un an et demi de suivi des artistes et combien de nuits de montage ?

Alexis : Un an et demi de tournage, six mois de montage…et beaucoup de nuits effectivement. Surtout qu’on bossait ailleurs en même temps. Pour l’anecdote, la 1re diffusion a eu lieu en novembre et on a terminé le film quelques heures avant !!

Quelle fut la plus grande difficulté rencontrée sur le tournage ?

Alexis : Oser et réussir à capter des moments de vie avec les groupes tout en restant discret. Les débuts du tournage furent plutôt difficiles. Il a fallu établir une relation de confiance avec les musiciens, etc. Puis, un jour, y’a eu un déclic… On a raté une séquence, je m’en voulais à mort…

Grégory : A l’hôtel, il n’a pas dormi, en rentrant chez lui non plus !!! On a changé notre méthode de tournage en ne coupant jamais la caméra. Des heures entières de bandes. Cela s’est révélé fastidieux mais payant. On avait alors des vrais moments de vie !

En ce qui me concerne, je dirais que les plus grosses difficultés que l’on a rencontrées sont avec les professionnels de la musique. Le monde associatif et donc militant nous soutient énormément. Les pros, eux, font de la com’. Ils vendent un évènement ou un artiste et se foutent du bien-fondé de notre projet. Le Printemps de Bourges qui nous fait un flanc avec ses « découvertes », son côté « militant du talent » nous a répondu littéralement : « Vu que vous ne faites pas la promo des groupes qui passent au festival ni du festival en lui-même, cela ne sert à rien que l’on vous accrédite ». Le lendemain, on y était caméra au poing, en plein milieu du marché du festival… On était rentré avec des accréditations partenaires… On vient, on parle de musique, on se fait jeter. On revient, on parle de thunes et là tout le monde t’ouvre la porte… Ca oui, pour nous, ce fut une découverte !

Et, a contrario, quel fut le plus grand plaisir de cette aventure ?

Alexis : La fin du montage !!! Non, sérieusement, il y a eu plein de bons moments avec chaque groupe sur la route… Les sorties de leurs albums, auxquels on avait un peu participé en quelque sorte, furent assez fortes… Comme la fin d’une belle aventure.

Grégory : Sentir qu’avec certains musiciens une vraie amitié s’est créée, ça, c’est le truc le plus fort : l’humain…

Comment avez-vous « sélectionnés » ces 3 groupes ?

Alexis : On a choisi des groupes qu’on aimait tout simplement, qui étaient en voie de professionnalisation et qui avaient de l’actualité sur les mois à venir…

Grégory : Et de trois tranches d’âges différentes. Kafka : 20 ans, Kunamaka 30 et Géraud 40. Forcément, ils n’avaient pas du tout la même chose à nous raconter…

Question désagréable : à quel point n’est-ce pas de la promotion indirecte pour ces artistes ?

Grégory : Non, ce n’est pas désagréable et tu as raison de la poser. Disons que… quand tu auras vu le film… il y a peu de chances pour que tu la reposes… Alors que certaines séquences ne les mettent franchement pas en évidence (ils s’engueulent, ils loosent, ils font les mauvais choix) ils ont joué le jeu à fond et ne nous ont rien demandé de censurer. La classe et ce qu’ils disent a d’autant plus d’importance puisque tu sais que le fond est sincère.

Alexis : Il est clair que si le film est beaucoup vu, cela fera parler des groupes mais je suis convaincu que l’on a su rester objectif. On n’a rien caché… Les moments durs comme les moments joyeux… On ne fait pas leur promo. On montre leurs vies comme on a pu l’observer… Ces groupes sont surtout représentatifs de plein d’autres groupes en France…des Kafka, des Kunamaka et des Géraud, il y en a presque 8000 en France.

Le documentaire a été terminé en mars 2007. Sa diffusion est-elle difficile ? Quel est l’accueil globalement ?

Alexis : Euh non…novembre 2007… On a pris un peu de retard… Du coup, on te répondra plus facilement dans six mois.

Quel type de réaction souhaitez-vous déclencher chez le spectateur ?

Alexis : Joie, bonheur, jouissance…

Grégory : Mais aussi émoi, révolte, compassion…

A qui est destiné ce rockumentaire ?

Alexis : A tout le monde ! Tout le monde connaît quelqu’un ou quelqu’un qui connaît quelqu’un qui fait de la musique et qui essaie d’en vivre.

Grégory : A tout le monde parce qu’avant d’être un film sur la musique, c’est un film sur la vie. Comment ces personnes qui vivent une passion à fond ressentent leurs réussites, leurs échecs ? Combien de fois sont-ils capables de se relever après avoir chuté ? Et d’abord, pourquoi se relèvent-ils ? Ils vivent sous le seuil du salaire moyen en France sans être misérables non plus - mais quand on voit leurs vies : est-ce que l’on voudrait quitter notre job et faire comme eux ??? Tu vois, cela dépassent franchement le cadre des répét’ et des concerts.

Quelle est l’actualité du film ?

Alexis : Tout dépend de quand sera mis en ligne cette interview. Mais sinon du 5 au 8 février, projections à Glaz’art dans le cadre du festival des Inaperçus… et le 7 et 8 février, festival Hibernarock dans le cantal. Greg, à toi la suite…

Grégory : Recherche d’une distribution pour le cinéma. D’une diffusion en TV. Bref, qu’il soit le plus visible possible.

La vraie (et ambitieuse) question de fond du documentaire qui est « comprendre le processus de commercialisation des musiques actuelles en France » trouve-t-elle finalement une réponse dans votre rockumentaire ?

Grégory : Franchement, ce n’est pas la question centrale du documentaire. Ce serait plus : « Comment vivent ces groupes que l’on voit en concert les week-end et qui sont inconnus du grand public ? ». La question que tu poses trouve quand même des réponses dans le film.

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Alexis : Que le film soit bien diffusé pour que le message passe…

D’autres projets de réalisation à court terme ?

Alexis : Pour l’instant, je me dirige vers du format plus court pour ma part (clips, mini docus, courts-métrages…) mais je suis sûr qu’on va avoir une autre idée avec Greg…

Grégory : Format plus court aussi pour moi, plus tourné vers la fiction. En fait, j’ai quatre courts-métrages et un clip en prévision !

Myspace :
http://www.myspace.com/larouteestlongue


Projection à Bordeaux le 10 Juin à l'Utopia

Publié dans Newzzzic

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